La Québécoise Lise Boudreault exerce une profession qui paraît insensée, presque irréelle : essayer de faire rire un gamin nerveux qui joue de la gâchette, convaincre un guerrier éméché qu’il sera un grand soldat s’il permet l’évacuation de ses ennemis blessés, s’interposer au risque de sa vie entre des gens qui se tirent dessus, et leur faire accepter que s’ils veulent s’entretuer, ils doivent le faire sans enfreindre la loi, i.e. en respectant les traités que leur pays a signés.
Elle est juriste de la guerre, un travail qu’elle effectue sur le terrain, dans des situations de conflit armé, en tant que déléguée du Comité International de la Croix-Rouge.
Quand je l’ai rencontrée au Rwanda, en septembre 1994, elle revenait du Liberia, une guerre civile qui a repoussé toutes les limites de la barbarie humaine et qui a été menée en bonne partie par des enfants-soldats (comme ceux de la photo).
Jusqu’à ce que je croise sa route, je croyais que la guerre ne pouvait être que le contraire du droit, la seule loi du plus fort. J’avais bien entendu parler des Conventions de Genève, ces textes signés par 194 pays censés garantir un minimum d’humanité dans les situations de guerre. Entre ces bouts de papier et la réalité du terrain, L. Boudreault m’a ouvert les yeux sur un métier aussi vital qu’étrange.
C’est le sujet de ce reportage que j’ai réalisé pour le quotidien montréalais La Presse en 1995: Une avocate chez les fous de guerre.
Elle est très courageuse; il n’y a pas tant de monde qui s’engage dans un tel risque.